Près d'un an après l'apparition des premiers cas présumés de coronavirus en Chine, l'épidémie est devenue mondiale et l'Europe est aujourd'hui à nouveau durement touchée par une deuxième vague. Si les Etats membres sont en première ligne face à la maladie, quelles mesures l'Union européenne a-t-elle prises pour l’endiguer ?
Parmi les Etats les plus affectés sur le continent, on compte le Royaume-Uni, l'Italie et la France. L'Allemagne, première puissance démographique de l'UE, comptabilise quant à elle un nombre important de contaminations (738 094 cas recensés), mais un nombre de morts beaucoup plus faible (12 007).
L’UE ne dispose que d’une compétence d’appui et s’attache donc à coordonner au mieux l’action des Etats membres l’Union européenne. Elle jouit en réalité d’une marge de manœuvre réduite dans le domaine des politiques de santé. Comme l’indique l’article 168 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), la santé est une compétence communautaire d’appui : l'UE "encourage la coopération" et "complète les politiques nationales", sans s'y substituer. Face à une situation comme la pandémie de Covid-19, l'Union européenne se charge donc plutôt d'informer et d'éduquer sur les problématiques de santé, de lutter contre les menaces sanitaires transfrontalières et de favoriser la recherche pour endiguer la maladie, comme elle a pu le faire en levant 2,7 milliards d'euros pour financer la recherche et les préachats de vaccins contre le Covid-19 auprès de laboratoires privés.
Elle peut cependant aider ses Etats membres à travers d'autres actions. Economiquement par exemple, le 20 mars 2020, la Commission européenne a annoncé qu'elle ferait preuve d'une tolérance maximale quant aux critères de convergence économiques, qui contraignent habituellement les décisions budgétaires des Etats membres. Cette annonce a été officialisée par le conseil des ministres des Finances de l'UE, qui a validé le 23 mars la clause dérogatoire générale aux règles budgétaires prévues dans le Pacte de stabilité et de croissance. Cette mesure d'exception lève la limite de 3 % du PIB pour le déficit public et de 60 % du PIB pour la dette publique.
La Banque centrale européenne a elle aussi mis en place un plan de rachat des dettes des Etats membres et des entreprises à hauteur de 1 350 milliards d'euros. Le but de la manœuvre : rassurer les banques et les inciter à soutenir l'investissement avec des emprunts aux taux les plus bas possibles pour les ménages et les entreprises. De son côté, la Banque européenne d'investissement a débloqué 200 milliards d'euros de prêts pour soutenir l'activité des entreprises en difficulté. Le plan a été approuvé au cours d'une réunion de l'Eurogroupe le 9 avril.
Cette rencontre a également abouti à un accord sur la mobilisation d'un autre instrument, validé en Conseil européen deux semaines plus tard : le mécanisme européen de stabilité (MES). Mis en place après la crise de 2008, ce dernier, financé par les budgets des Etats membres, permet aux Etats les plus en difficulté de bénéficier de sa crédibilité et d'emprunter à un taux d'intérêt moins élevé. Il peut également racheter les obligations déjà émises sur les marchés, mais dont la valeur chuterait, pour en relever le cours. Les ministres de l'Economie et des Finances ont validé son utilisation pour le montant (qui doit encore être confirmée par les chefs d'Etat et de gouvernement) de 240 milliards d'euros.
Au total, 100 milliards d'euros ont été empruntés sur les marchés et mis à disposition des Etats pour soutenir leurs systèmes d'assurance-chômage nationaux. Sur cette somme, 87,9 milliards ont déjà été alloués à 17 Etats membres après approbation du Conseil.
On peut donc noter de nombreux efforts de la part de l'Union européenne pour soutenir ses Etats membres. Cependant, n'ayant pas la main sur les aspects de santé, il est difficile pour elle de se battre directement contre le virus. Son rôle est alors plutôt axé sur la prévention et le soutien économique afin que les pays eux-mêmes vainquent l'épidémie.
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