Face à la crise de la Covid-19 qui touche le monde entier depuis le début de l'année 2020, un des enjeux, et pas des moindres, pour les Etats est de prévoir le plan de relance économique pour sortir de cette crise et assurer la croissance future. Nous le savons, la France n'a pas exactement la même manière de gérer la crise que ses voisins et notamment les allemands. Nous allons donc ici comparer les plans de relance de ces deux pays...
Nous vous proposons d'abord des informations générales puis une partie "lexique" avec plus de détails sur certaines notions pour les intéressés. Bonne lecture !
Commençons par la France.
Le plan "France Relance" a été annoncé le 3 septembre 2020 par le Premier Ministre.
Pour les intéressés, voici la vidéo de l'annonce officielle, certes un peu longue, mais très complète.
Face à la Covid-19, le plan de relance consiste en priorité à protéger les entreprises et les salariés, à la fois des entreprises dont l'activité continue mais ralentit et également des entreprises dont l'activité a du cesser. Les mesures mises en place pour cela sont :
un report voire une exonération des cotisations sociales
le chômage partiel
les prêts garantis par l'Etat
le fonds de solidarité.
Mais ce plan de relance ne concerne pas que l'épidémie et il comporte trois domaines d'évolution clés :
L'écologie : Le pays souhaite devenir une puissance décarbonée et mettra en place pour cela 30 milliards d'euros pour aider la rénovation énergétique des bâtiments, les transports, la transition agricole et l'énergie. L'objectif est celui d'une croissance durable et juste. Il existe pour remplir ces objectifs les mesures telles que MaPrimeRénov, le Bonus Ecologique, la Prime à la Conversion...
La compétitivité : La France souhaite être attractive en soutenant l'innovation et en relocalisant les productions sur son territoire. Pour cela, elle prévoit une transition environnementale, énergétique et numérique grâce à des aides pour le financement des entreprises, pour la mise à niveau numérique des entreprises ou encore le soutien à l'export.
La cohésion : Afin d'éviter la hausse des inégalités, l'Etat souhaite induire la solidarité entre les générations, les territoires et les entreprises de toutes les tailles grâce aux aides à l'embauche, à l'apprentissage...
Plus globalement, ce plan de relance a pour objectif la préparation de la France à l'horizon 2030 et le soutien de l'économie afin de retrouver en deux ans le niveau de développement d'avant la crise. Ce plan de relance s'élève à 100 milliards d'euros et doit permettre à tous les secteurs et toutes les catégories sociales de maintenir son niveau de vie.
Voilà une image qui résume la totalité du plan de relance français. Nous vous proposons également cette vidéo sur le même thème :
Passons maintenant à l'Allemagne.
Leur plan de relance a été présenté le 3 juin 2020 par Angela Merkel, avec un temps d'avance sur les autres pays européens.
A l'inverse de la France qui opte pour une refondation de l'économie, l'Allemagne veut une relance par la consommation et elle investira pour cela 130 milliards d'euros. Là encore, le plan repose sur trois piliers :
La relance économique à court terme (78 milliards)
Les investissements pour le futur et dans les technologies vertes (50 milliards)
La solidarité européenne et internationale (environ 3 milliards en plus de ce que prévoit la Commission européenne)
En ce qui concerne la relance économique, elle s'opèrera donc grâce à l'augmentation de la consommation prévue par l'Etat. Afin de la favoriser, plusieurs mesures seront adoptées :
L'équivalent allemand de la TVA passe de 19 à 16% jusqu'à fin 2020
Le doublement du bonus écologique pour l'achat d'un véhicule électrique
Le versement d'une allocation de 300€ par enfant
La baisse des coûts de l'électricité pour les particuliers
10 milliards d'euros seront mobilisés pour la santé à la sortie de la crise sanitaire pour améliorer les systèmes hospitaliers et 1 milliard pour relancer la culture (cinémas, théâtres...), toujours après la crise qui a engendré comme en France la fermeture de nombreux lieux de ce type.
Le but de l'Allemagne est de faire augmenter considérablement le pouvoir d'achat des ménages et de relancer la consommation. Une prime pour l'achat de tout véhicule a été discutée afin de favoriser l'industrie automobile, très présente en Allemagne, mais a été rejetée puisque la multiplication des moteurs thermiques ne s'inscrivent pas vraiment dans les objectifs écologiques allemands. D'ailleurs, en termes de rénovation énergétique, l'Allemagne souhaite inciter à la rénovation des bâtiments et des moyens de chauffage. Cependant, c'est une des seules mesures environnementales prises dans ce plan de relance qui est d'ailleurs très critiqué par Greenpeace, pas du tout satisfait à ce niveau là.
En ce qui concerne les soutiens aux entreprises face à la Covid-19, ce plan de relance ne fait que s'ajouter à celui de 1000 milliards d'euros mis en place en mars, qui lui comporte beaucoup de mesures de soutien :
Approbation de nouveaux emprunts pour les systèmes de santé
Prêts aux entreprises garantis par l'Etat
Chômage partiel
Nous vous invitions à lire cet article en complément, qui résume parfaitement les points clés du plan de relance allemand :
En bref, ces deux plans de relance sont assez différents, avec comme points communs les aides aux entreprises mais avec des divergences d'importance accordée aux autres aspects. Tandis que l'Allemagne se concentre sur le pouvoir d'achat de ses citoyens et en oublie presque l'écologie, la France tend plutôt vers le contraire et promet une grande avancée en termes de transition écologique.
Lexique :
Pour ceux qui ont encore un peu de courage, voilà quelques précisions sur quelques notions abordées.
Le chômage partiel : Tous les salariés peuvent en bénéficier du moment où l'entreprise dans laquelle ils travaillent voit son activité diminuer. Ils perçoivent alors 70% de leur salaire brut et l'entreprise est aidée par l'Etat pour verser cette rémunération.
Les prêts garantis par l'Etat : Toutes les entreprises peuvent en souscrire un, auprès de leur établissement bancaire habituel. Bien que la conjoncture économique ne soit pas optimale, l'Etat assure le remboursement d'une partie du crédit en cas de problème rencontré par l'entreprise. Le crédit peut donc être accordé, la banque sera remboursée et l'entreprise peut fonctionner.
Le fonds de solidarité : Il y a certaines conditions pour bénéficier de cette aide qui est un versement financier. La plus importante est d'avoir connu une baisse de chiffre d'affaires d'au moins 50%. Pour les entreprises ayant perdu entre 50 et 70%, une aide jusqu'à 1 500€ pourra être perçue et cette aide pourra aller jusqu'à 10 000€ pour les entreprises ayant perdu plus de 70% de leur chiffre d'affaires.
MaPrimeRénov : Ce sont des aides financières perçues par les propriétaires de bâtiments construits il y a plus de 2 ans qui font réaliser des travaux de rénovation énergétique (isolation, changement de moyen de chauffage...). Attention, les travaux doivent être réalisés par une entreprise ayant la qualification RGE (=Reconnue Garante de l'Environnement).
Le bonus écologique et la prime à la conversion : Ce sont des aides financières versées aux personnes achetant des véhicules "propres". Le bonus écologique est perçu pour l'achat d'un véhicule et la Prime à la conversion pour le passage d'un véhicule "non propre" à un véhicule "propre". Grâce à cela, l'Etat entend réduire le nombre de véhicules à moteur thermique non respectueux de l'environnement en circulation et favoriser l'achat de véhicules plus récents et hybrides ou électriques. Le montant de l'aide dépend de l'âge du véhicule acheté, de ses émissions de CO2...
Les aides à l'embauche des jeunes et à l'apprentissage : Des aides pouvant aller jusqu'à 8 000€ pour les entreprises employant des apprentis ont été instaurées afin de favoriser cette voie de formation pour les patrons et les jeunes.
Sources :